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lui avait été impossible de répondre aux questions de littérature anglaise que les examinateurs du Service Civil avaient posées à son fils. En rapprochant ces témoignages de ce qu’étudiants et professeurs répètent de tous côtés sur le même sujet, nous trouvons que le fait réellement digne de remarque est celui-ci : au lieu de choisir les questions en vue de juger les élèves, les examinateurs les choisissent en vue de faire briller leur érudition. Les jeunes surtout, ceux qui ont une réputation à faire ou à justifier, profitent de l’occasion pour étaler leur science, sans se soucier autrement de l’intérêt des candidats.

Si nous continuons à creuser, et que nous cherchions, sous ce fait plus significatif et plus général, l’autre fait dont il découle, nous nous trouvons en face d’une question : — Qui examine les examinateurs ? Comment se fait-il que des hommes si compétents dans une branche de connaissance spéciale, mais si incompétents lorsqu’il s’agit de sens commun, occupent ces places ? Les défauts du personnel d’examinateurs prouvent d’une façon concluante que l’administration est fautive au centre. Il y a quelque part des gens qui décident en dernier ressort et qui n’en sont pas capables. Si l’on demandait aux examinateurs des examinateurs, de remplir un questionnaire portant sur la bonne manière d’examiner et sur les qualités requises chez un examinateur, on obtiendrait des réponses très-peu satisfaisantes.

Étant arrivés à travers les menus détails, puis les faits d’une portée supérieure, jusqu’à cette autre couche de faits qui ont leurs racines plus au fond des choses, nous verrons, en contemplant ces derniers, qu’eux aussi ne sont ni les plus profonds ni les plus significatifs. Les hommes qui ont l’autorité supérieure entre les mains, supposent, comme on le fait généralement, que la seule chose essentielle, chez un professeur ou un examinateur, est la parfaite connaissance des matières qu’il est chargé d’enseigner ou sur lesquelles il devra interroger. Une chose non moins essentielle est la connaissance de la psychologie et surtout de la partie de la psychologie qui s’occupe de l’évolution des facultés. Nul ne sera compétent pour donner un enseignement véritablement instructif, ou pour poser des