tionnels, a eu pour objet d’empêcher que sur les seuls soupçons, feints ou sincères, d’un agent de police, un innocent puisse être traité, même momentanément, comme un voleur, un meurtrier, ou un autre genre de criminel. » Aujourd’hui pourtant, sous l’influence de la frayeur sans fondement qui s’est emparée des esprits, « on n’a pas hésité à oublier, sans aucune nécessité, la sollicitude montrée jusqu’ici par la Loi pour la liberté personnelle du plus humble citoyen[1]. » Étant donnée la nature humaine, on peut couclure à priori, qu’en moyenne il sera grandement abusé du pouvoir irresponsable. L’histoire de tous les peuples, à toutes les époques, fourmille d’exemples confirmant cette hypothèse. Le développement du régime représentatif n’est que le développement d’une combinaison destinée à empêcher les abus outrageants du pouvoir irresponsable. Chacune de nos luttes politiques, aboutissant à un nouveau progrès dans le sens des institutions libres, a eu pour objet de mettre fin à un des abus les plus criants du pouvoir irresponsable. Cela n’empêche pas aujourd’hui de nier implicitement des faits que notre propre expérience nous met pour ainsi dire sous la main et qui sont confirmés par l’expérience de toute l’humanité ; et on affirme implicitement qu’il ne sera pas grossièrement abusé du pouvoir irresponsable. Tout cela à cause d’une panique créée artificiellement au sujet d’une maladie qui s’en va, qui ne fait pas une victime contre quinze qu’enlève la scarlatine, et qui met dix années à tuer ce que la diarrhée tue en une seule.
On voit par là les dangers contre lesquels il faut se tenir en garde en recueillant des données sur les questions sociologiques actuelles et encore plus sur celles du temps passé. En effet, les témoignages qui nous ont été conservés sur l’état social, politique, religieux, judiciaire, physique, moral, etc., d’autrefois et sur l’action exercée à l’encontre de ces différents états sociaux par des causes particulières, ont risqué d’être encore plus gravement pervertis ; le respect de la vérité étant moins grand, on était plus prompt à accepter des allégations non prouvées.
- ↑ Sheldon Amos. Voyez aussi son grand ouvrage, A Systematic View of the Science of jurisprudence, pp. 119, 303, 512 et 514.