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l’Union, les quatre chirurgiens de l’hôpital Lock, les docteurs attachés au Conseil de Santé, à l’Union, à l’Asile de Comté, etc. etc. Au moment même où j’écris, un témoignage de même nature m’arrive sous la forme d’une lettre publiée dans le British medical Journal du 20 juillet 1872 par le docteur Carter, médecin honoraire de l’hôpital Sud à Liverpool. M. Carter expose qu’à la suite de plusieurs discussions à l’Institut médical de Liverpool, il a « rédigé en personne, sous forme de pétition, un document formulant un blâme énergique contre les Acts… En quelques jours, la pétition a été revêtue de 108 signatures (de membres du corps médical). Pendant que ceci se passait, ajoute M. Carter, « quelques personnes s’efforçaient de recueillir des signatures de médecins, pour la pétition en faveur des Acts connus sous le nom de Mémorial de Londres ; elles ne purent réunir que 29 signatures en tout. »

Cependant, malgré l’abondance et la valeur des témoignages précités, il a été possible de présenter, la situation sous un jour tel, que le public et le pouvoir législatif ont été persuadés de la nécessité de prendre des mesures énergiques pour arrêter les progrès croissants du fléau. Ainsi que l’écrivait dernièrement un membre du Parlement, « nous étions certains, d’après des témoignages dont il semblait impossible de contester la valeur, qu’une épouvantable maladie constitutionnelle minait la santé et les forces de la nation, faisant surtout un grand nombre d’innocentes victimes parmi les femmes et les enfants. »

Remarquez ici une circonstance frappante : en semant la panique, des idées aussi fausses peuvent compromettre les résultats de l’expérience accumulée d’une suite de générations, et rendre aveugle sur des faits qui semblaient hors de question. Jusqu’à ces derniers temps, la procédure anglaise était basée sur ce principe : la loi ne peut intervenir que lorsqu’il y a eu dommage évident. Les efforts tentés pour éviter les maux effroyables engendrés par le principe contraire, avaient insensiblement amené une conformité entre les formalités de la procédure et cet axiome. Ainsi que l’a dit un professeur de jurisprudence, « tout le système compliqué de garanties et de contrôles établi par la loi anglaise et consolidé par une longue série de conflits constitu-