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sadique de pénétrer, à son insu, l’intimité charnelle d’une beauté surprise en son sommeil.

Ah ! le délice du viol, dans l’inertie de ce corps sous le frottis léger dont se caressait mon gland entre les lèvres brûlantes de la vulve, tout au seuil !… Pas un réflexe, rien pour me distraire de la sensation égoïste que je me répétais d’un branle insensible sur le point si érectile du filet… Pas l’ombre non plus d’un frisson quand le renflement de mon gland s’étrangla délicieusement dans l’anneau du vagin qui, franchi d’une molle poussée, se referma sur le collet de la verge. Sensation ineffable où je m’attardai dans une immobilité qui tenait en suspens ma jouissance déjà proche.

Mais mon ventre, plus prompt que mon désir, donna de l’avant et mon vit se coula lentement jusqu’au fond de sa gaine onctueuse. Le spasme souverain l’attendait aux replis de l’utérus. À peine y était-il engagé, que je sentis les canaux se gonfler sous l’invasion du sperme, puis crever dans un choc qui me fixa sur place. À demi relevé sur les genoux, étreignant contre ma poitrine la cuisse de Colette, j’attachais mon regard à la tendre blessure que je labourais parmi l’emmêlement de nos toisons. De ma vie, je crois, je n’éjaculai avec tant d’impétuosité, dans la diffusion d’une jouissance aussi intense qu’elle avait été différée.

Colette ne remua pas plus qu’un mannequin d’Imans qui eût reçu ma décharge entre les cuis-