Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/54

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
43

de Valenciennes et d’une robe de crêpe de Chine d’une jolie nuance aurore.

— Et moi, minauda-t-elle avec une coquetterie attendrie, moi qui voulais te donner l’étrenne de cette gentille petite toilette !… Je me disais, une fois toute habillée : « Ah ! qu’il va bander à chiffonner tout cela !… » ; tu ne sais pas comme ce serait bon de baiser là-dessous… Vois si c’est joli !… Je pensais que tu allais me saccager ces dentelles et me le faire au moins trois fois !… Allons ! viens donc, mimi !…

— L’étrenne ? ripostai-je, mais ne l’as-tu pas donnée à ton marloupate ?

— Oh ! si peu… Quoi ! le temps de faire ça… Tu penses, sous une porte !… Enfin, tu boudes, tant pis ! Paie-toi la reluque… ça m’excite qu’on me regarde !…

Elle se renversa contre le dossier, un bras sous la nuque, ses fesses au bord du siège, et sa main longue et fine s’appliqua à l’huis de sa culotte. Deux doigts s’infléchirent au haut de la cosse, en un tremblement giratoire.

— Est-ce gracieux ? fit-elle, les yeux fixés sur la glace.

Assis en face d’elle, je savourais, la rage au cœur, le galbe polisson de ses jambes dans leur coulée de soie azuréenne, ses petits pieds de faune cambrés sur leurs hauts talons, et cette pose canaille où, dans le flou des jupes et le frémisse-