Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21

s’effaça de nouveau dans la feinte attention qu’il semblait donner ailleurs, comme pour encourager mon audace.

Justement, l’éclairage venait d’être mis en veilleuse. J’effleurai de ma main la cuisse de la jeune femme, et enhardi par son immobilité, j’en caressai le contour délicatement conique… Un frisson, un imperceptible frisson répondit à ma privauté, et soudain la jambe tout entière s’accola à la mienne.

Alors, de l’air le plus tranquille du monde, Colette — je venais d’entendre son nom — souleva par côté sa robe jusqu’à la jarretière, en tapota la coque du bout de ses ongles carminés, rabattit à mi-cuisse la dentelle de sa culotte, et prenant sa lorgnette, laissa négligemment sa jupe en l’air.

Toute la jambe était à ma discrétion. Je n’hésitai plus. Ma main grimpa du jarret au volant de dentelle, se faufila dans la gaine de satin, franchit la lisière du bas, pelota et pétrit avec délice la ferme élasticité de la chair, et tout doucement dévala sur le devant, entre les cuisses jointes.

J’en étais là, quand le sigisbée de la belle dont j’avais cru surprendre des regards en coulisse, porta avec attention ses yeux où se dissimulait ma main. Je battis en retraite. Mais, ô surprise, à ce moment même où s’exerçait la curiosité du bonhomme, la jeune femme, avec un cynisme stupéfiant, se troussa toute la robe jusqu’à la manchette de son pantalon qui me parut de satin