Page:Spaddy - Colette, ou les amusements de bon ton, 1937.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
136

te l’ai dit cent fois, j’em… la moitié du monde et…

— Et tu pisses sur l’autre !

— Juste ! D’abord, moi, j’aime d’être à poil dans la rue, de sentir l’air frais qui me court entre les cuisses et dans la raie, et cette chatouille de la soie sur la peau… Et c’est si commode, tiens !

Pinçant du bout de ses doigts gantés les bords de la cape, elle en déploya l’envers comme deux grandes ailes de satin noir où se découpait, l’éclatante blancheur marmoréenne de son corps juvénile, avec sa buée d’or incandescent qui s’effilochait au sommet des cuisses jointes.

— Commode, dis-tu ?

— Pour la petite secousse pardi, pour l’exhibe furtive, quoi !… Et pour pisser donc !… Allons, Fanny, un coup de langue au minet, pour me mettre au ton !

Elle posa un pied sur un fauteuil et la jolie camériste, docilement agenouillée sous l’alcôve de la cape, lui secoua de quelques frissons la motte. Puis Colette pirouettant, présenta gaminement à la bouche complaisante l’adorable raie de ses fesses, et agréablement chatouillée, s’enferma dans sa mante, et nous sortîmes.

Sa Rolls nous déposa au Fouquet’s où elle la congédia. Là, dans ce charmant boudoir de Lesbos, elle s’attabla avec une de ses tendres amies, Lucine, une brune piquante, un peu mâle de traits, dont elle faisait quelquefois son homme