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les papiers gras, quand on est si bien dans un foutoir !

— Tu es un béotien ! répliqua Colette, tu ne connais pas les raffinements ! Je te dis que tu m’enconneras sur la berge et que je donnerai à qui voudra mon cul à regarder !

L’auto stoppa à proximité d’un coin désert, ombragé d’un bouquet de bouleaux et de chênes. Enveloppé d’une haie de buissons ainsi qu’un nid un peu mystérieux, il surplombait en pente douce, de deux mètres, le cours de la Seine.

— Bon, demandai-je à peine assis sur l’herbe, que va-t-on foutre ici ?

— Pardi, tu me foutras, après que j’aurai montré mes fesses à tous ces amateurs qui se baladent en canot.

Je haussai les épaules.

— Ils s’en fichent joliment !

— Je te dis que c’est tous des voyeurs ! Tu n’as qu’à les regarder faire, frôlant le bord à petits coups de rames. Ne vois-tu pas toutes ces expositions de blanc sur la berge, que c’est autant de filles qui étalent leur cul !

— Et puis ? dis-je. Te voilà bien avancée quand on t’a regardé le cul ?

— Puisque ça me fait jouir ! Va, c’est pas d’aujourd’hui que je viens ici ! J’y ai fait déjà de belles jouissettes, rien qu’à sentir le regard de ces salauds qui s’excitent sur mon linge ! C’est pas