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sur place dans la foule, à la queue des théâtres, sur le passage de quelque cortège ou dans toutes les circonstances de fêtes populaires.

Glissée au plus épais, d’un regard perspicace elle avise une proie qui lui paraît facile et s’en approche. Le gré de son caprice jette son dévolu tantôt sur un homme, tantôt sur une femme, quand ce n’est pas sur quelque tendron de fille ou de garçon, et là, jupes relevées par devant sur ses cuisses généralement nues, elle se livre, sous le masque d’une familiarité très liante, à la sensation des effleurements obscènes de sa motte. Le temps de pressentir, de quelques attouchements indiscrets, les dispositions du partenaire qu’elle s’est choisi, et je la vois couler sa main par-dessous une robe ou dans une braguette et, d’une mine fort indifférente, l’agiter imperceptiblement en une besogne qui ne me laisse pas de doute. Se couvrant de mon corps, Colette apporte à sa manigance une habileté qui la dissimule à ses voisins. Elle me chuchote alors à l’oreille :

— Hein ! qui le dirait que je suis en train de branler ?

Je bougonne du rôle auquel elle m’oblige, mais j’en ai le profit un instant après. Quand elle a fini sa saleté, les doigts pleins de foutre ou de mouille, elle s’éclipse discrètement, laissant à sa surprise l’heureuse victime de son entreprise érotique. Elle se dégage de la foule et m’entraînant dans le rut