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dirigea mes yeux vers la fenêtre d’en face, de l’autre côté de la rue. Dissimulé derrière le rideau, un gosse de seize à dix-sept ans, lorgnette en main, s’en donnait plein les mirettes.

— Faut plus te gêner, Colette ! intervins-je alors avec humeur.

— Ah ! te voilà ! comme tu tombes bien, dit-elle sans s’émouvoir. Regarde-moi faire, ça t’amusera. Prends les jumelles et épie le petit coin d’en face.

Et avec autant d’impudeur que de bravade, elle porta sa main droite à son chat que, d’un mouvement très discret perdu dans le flou des volants, elle se mit à branler.

Au même instant, je vis le gosse s’asseoir à demi sur le bras d’un fauteuil, et un minois de fillette brune, surgissant du rideau où il se cachait, se pencha entre les jambes du petit ami pour saisir la vergette que lui tendait sa main.

— Hein ? si ce n’est pas mignon, à cet âge, soupira Colette en lorgnant à son tour. Ah ! que je me donne une bonne secousse sous le regard de ce chérubin !

— Et moi ? dis-je, car je l’avais raide comme un mulet.

— Fais-toi la queue, ou encule ma chienne ! mais laisse-moi jouir tranquille ! Mirza ! ton cul, vite !

— Merde pour ta chienne ! grommelai-je.