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Et, s’échappant à nos tristesses coutumières,
Se baigner dans ce fleuve d’art et de lumière ?
Il faut donc qu’on me laisse partir aujourd’hui
Pour que j’exprime enfin ce qui s’éveille en lui,
Et que je le rapporte à mon pays que j’aime,
Grandi par cet exil, sauvé par ce baptême !

KAATJE (enthousiasmée)

Oui ! Va ! Va ! Je t’assure que je suis sincère !
Oui ! Ton départ est beau, ton exil nécessaire !
Vois, je ne pleure plus ! Car dans mon cœur d’enfant,
Lorsque tu me parlais d’un retour triomphant
Après avoir été là-bas suivre ta voie,
Tu as bien vu que j’écoutais chanter ma joie !
Je devine déjà l’œuvre altière et parfaite,
Je pressens ta maîtrise ; et le beau jour de fête
Où nous te reverrons ici, dans ces vieux murs
Illustrés par ta gloire et ton nom, sois bien sûr
Que c’est moi, Jean, qui te sourirai la première ;
Et je serai la plus heureuse et la plus fière !

JEAN (touché)

Kaatje !

KAATJE

Kaatje !Pars sans regrets ; pars sans inquiétude !
Tes parents m’ont pour consoler leur solitude…
Mais… tu leur écriras ?