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conservé à la National Gallery de Londres et qui nous représente Arnolphini et sa compagne. On la découvre chez Memling, Gérard David ; on la surprend, avec quelle émotion ! dans cet admirable triptyque qui appartient au comte de Merode et qui nous montre saint Joseph, le charpentier, confectionnant près d’une fenêtre, à l’atelier, chez lui, de petites souricières pour les besoins de son ménage. Le sens de l’intimité est inclus dans les œuvres de Breughel, de Grimer, de tous les petits maîtres du XVIIe siècle, et de nos jours il réapparaît plus magnifiquement et plus silencieusement que jamais sur les panneaux de de Braekeleer.

Et dans notre littérature, que de pages en sont imprégnées ! Souvenez-vous des entretiens de Claes et d’Uilenspiegel, dans la légende de De Coster, des tableaux exquis et familiers du Petit Homme de Dieu de Lemonnier, de certaines strophes de Max Elscamp, de tels et tels contes de Delattre, des Ombiaux, Rency, Glesener, songez surtout à Eugène Demolder qui écrivit comme de Braekeleer peignait.

Oui, le charme pénétrant, ému, profond, intime fut bien ce qui, dans Kaatje, fit la conquête immédiate du public. On se sentait chez soi, ou plutôt chez les ancêtres qui ne sont que nous-mêmes dans le passé. L’atmosphère était nôtre. On se retrouvait au fond de sa propre mémoire ; on se reconnaissait enfin.

Peu importait que l’action se passât en Hollande ;