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d’angoisse, de peur, d’affolement ont détonné merveilleusement parmi des milliers de pièces contemporaines. Ils ont les premiers, violemment, attiré vers nous l’attention éparpillée des critiques, et l’étrangeté de leur art qui s’avançait à l’encontre ou plutôt à rebours des autres, donna le signal des renaissances. On ne pourra jamais leur être assez reconnaissant de leurs excès. Au milieu des complications scéniques, des habiletés, des petites ruses savantes, des détails mesquins, ils apportèrent la simplicité, la puérilité même et la franchise nue. Le mystère et comme une sorte de fatalité nouvelle étaient instaurés. Les personnages avaient des cœurs d’enfants. Ils agissaient avec leur seul instinct pour des raisons profondes. La terreur tragique réoccupait, comme jadis, les planches, et ce que l’on ne voyait pas avait plus d’importance que tout ce qu’on montrait. Et le silence jouait un rôle énorme. Il était le personnage central autour duquel tous les autres s’agitaient et il était tantôt la mort, tantôt le malheur et tantôt le crime. Cet art parut aux uns ridicule ; aux autres admirable ; à tous il paraissait mystérieux et nouveau. Il déchaînait les colères ou suscitait les enthousiasmes. Il renversait enfin le mur de la banalité. C’est pourquoi, surtout, il était nécessaire.

D’autres efforts furent tentés : Camille Lemonnier, Edmond Picard, Georges Eekhoud, Iwan Gilkin, Henri Maubel, Gustave Van Zype imprimèrent à leurs drames, dont les uns furent représentés et les autres