Page:Spaak - Kaatje, préf. Verhaeren, 1908.djvu/144

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’un chagrin n’est viril, que lorsqu’il laisse intacte
La volonté d’une œuvre ou la force d’un acte !
N’as-tu plus rien en toi ? N’es-tu plus un artiste ?
Le monde est-il, soudain, devenu sombre et triste
Au point que rien ne vaut qu’on dessine ou qu’on peigne ?
Et quel est ce beau feu que trois larmes éteignent ?

JEAN

Ah ! mon père ! Si je pouvais ! Si cet orgueil
Même y pouvait suffire !

LE PÈRE

Même y pouvait suffire ! Il suffit que tu veuilles !
Et, pour que nous puissions nous regarder en face,
Que te dises d’abord : Ce passé, je l’efface !
Puis qu’ensuite, fidèle à tes anciens travaux,
Tu t’en ailles, si c’est utile, de nouveau.

JEAN

Que je parte ?…

LE PÈRE

Que je parte ?… Oui ! Veux-tu te mettre à travailler
Ici ? Veux-tu rentrer tantôt dans l’atelier ?

Jean fait un geste découragé.

Soit !… Mais alors, va-t’en travailler autre part
Mon garçon. Je comprends que rien ne te prépare