N’est-il pas naturel que je t’en remercie ?
Rude au début, ma vie enfin s’est adoucie ;
Le mauvais sort devant mon courage a fléchi ;
Je me suis, lentement, mais si bien enrichi,
Qu’au seul vu d’un écrit que ma cire cacheté
Le monde entier me vend tout ce que l’or achète !
Nul n’est plus grand que moi dans Damme, et tout à l’heure
Ses plus riches courtiers, remplissant ma demeure,
Acclameront en moi leur chef, trois fois élu !
Eh bien, puissance, argent, dignités, j’ai voulu,
Pour assurer ton sort que bien d’autres jalousent,
T’en donner désormais ta part, et je t’épouse !
Maître !…
Ces choses, d’un esprit raisonnable et lucide.
Tu me connais ; je t’ouvre mon cœur ; et sachant
Que sous mon rude aspect ce cœur n’est pas méchant,
Et que son vœu, pareil au vœu de ma raison,
C’est de te voir épouse heureuse en ma maison,
Accepte ton destin, sans crainte, sans émoi !…
Mais si tu n’as pas confiance, dis-le moi !…