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de droite s’adossait une crédence joliment travaillée. Une porte ouvrait sur la chambre voisine ; les sièges étaient de cuir et de chêne ; le sol était un beau dallage noir et blanc.

C’est là qu’un matin d’été, vers dix heures, Mère-Flandre s’occupe avec Pierre et un Apprenti, à placer une grande table dans la partie droite de la salle.

Mère-Flandre est vêtue d’une robe brune, sans ornements, dont les plis lourds tombent sur ses souliers de cuir. La ceinture qui noue son tablier, soutient une aumônière de drap et son trousseau de clés. Une courte pèlerine noire lui couvre les épaules ; une coiffe de fine toile blanche ne laisse voir qu’un peu de ses cheveux déjà gris. Ses traits sont durs, ses lèvres sèches ; elle est brusque et grondeuse, et ce n’est que lorsqu’ils se posent sur certaines gens, que l’on voit que ses yeux sont bons.

Pierre a vingt ans ; son visage est long, son teint pâle ; il est de ceux dont on dit qu’ils ont les yeux noirs, mais il a les yeux bleus. Ses cheveux châtains coupés droit sur le front lui tombent le long des joues. Il a la tête nue comme l’apprenti et tous deux portent un surcot de drap, l’un vert, l’autre rouge foncé, sur des chausses brunes. La toilette de Pierre est pourtant plus soignée. Ouvert au cou son surcot laisse voir un col intérieur de linge fin ; ses souliers et sa ceinture de cuir ont été fraîchement nettoyés.