Page:Spaak - À Damme en Flandre.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

GERTRUDE, presque sans voix,

Maître… Maître…

CORNEILLE, la regardant,

Maître… Maître… Qu’as-tu ? Qu’est-ce qui t’épouvante
Ainsi ?… Puisque c’est une histoire que j’invente !…
Et pourtant c’est la mienne !… On en parlait ; des gens
M’avaient dit le péril de plus en plus urgent,
L’heure presque venue, où tout ce qu’on peut faire
Est vain… Je n’ai pas cru d’abord… Non, on préfère
Douter ; garder un peu d’espoir, jusqu’au moment
Où l’on voit, comme je l’ai vu, brutalement,
Le mal définitif, immense, et sans remède !…

GERTRUDE

Maître…

CORNEILLE, s’animant,

Maître… Ah ! La mer, la mer ! On croit qu’on la possède,
Qu’on s’entend bien, et c’est un effrayant duel !
Elle garde son beau visage habituel,
Car elle sait qu’on peut mater ses violences ;
Elle sourit, elle est gentille et se balance
Dans ses grands jupons verts comme une belle dame !
Mais c’est le fond qu’il faudrait voir, le fond de l’âme,
Et l’on découvrirait les obscures raisons
De sa silencieuse et lente trahison !