Puis, vous m’avez laissée… et le Maître est venu !
Ah ! jusqu’à cet instant, jamais, je vous le jure,
Jamais un mot douteux, une parole obscure,
La moindre intention qu’un regard révélât,
Ne m’avaient fait prévoir qu’il songeait à cela !
Oui, j’aurais dû lutter !… Je n’ai su que me taire ;
Car lorsque j’entendis sa voix autoritaire
Me rappeler ses soins et ses bontés anciennes,
Toute ma volonté fléchit devant la sienne,
Et je sentis ses mains se fermer sur mon cœur !
Hélas, oui ! J’ai perdu lâchement mon bonheur ;
Ma crainte et ma faiblesse ont fait l’irréparable !
Mais ne m’accuse pas d’un calcul misérable
Puisque, pas un instant même, je n’ai songé
À ces jours opulents que j’allais partager,
Et ce cœur, trop soumis pour oser se défendre,
Je ne l’ai pas vendu, mais je l’ai laissé prendre !
Mais il fallait…
Si soudaine !… Ce fut, comme il arrive en rêve,
Un abîme où tout mon courage s’engloutit !…
Puis, je me réveillai… mais vous étiez parti !…
Je vous croyais d’accord, n’est-ce pas, l’un et l’autre !