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promettez-lui d’y répondre, sans vouloir, même pour son bien, lui rien dissimuler. » — Il m’a regardé d’un air surpris. Mon ton grave, cette manière nouvelle et imprévue de l’interroger, ce doute sur sa sincérité que je devais si bien connaître, ont paru le troubler. Aussi, était-ce seulement parce que je le voyais entraîné par le désir de donner quelque soulagement à mes peines, qu’un pareil doute pouvait entrer dans mon ame.

« Mon père, ai-je ajouté, si j’osais me refuser à vous suivre, partiriez-vous toujours ? » — J’ai vu qu’il prenait à l’instant une résolution qu’il n’avait pas formée jusqu’alors, mais qui devenait inébranlable. — » Oui, mon fils, m’a-t-il répondu, j’irais seul, et j’y resterais seuls » — « S’il en est ainsi, lui ai-je dit en soupirant, nous irons ensemble. »

Il a pris ma main et la serrée dans les siennes : il jugeait combien il m’en coûtait de lui obéir, et s’affligeait de me contraindre ; mais il s’y croyait obligé, et il m’a dit : « Nous reviendrons ici, dès que tu l’exigeras. »