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dans des détails dont les éléments même exigeraient une longue étude. Les simples littéraires n’y comprirent goutte ; certains scientifiques y virent plus clair, linguistes ou autres. Tandis que nos normaliens journalistes s’esclaffaient sur des vers de Jules Laforgue comme ceux-ci :

Soleils plénipotentiaires des travaux en blonds pactoles

Des spectacles agricoles

Où êtes-vous ensevelis ?

Un professeur de la Faculté de médecine de Louvain, G. Verriest, les commentait en ces termes dans une étude sur Les bases physiologiques de la parole rythmée (p. 35) :

« Toujoursmême incorrection, manque de sens précis, mais même surabondance, même richesse et prodigalité dans la respiration et dans l’articulation, même accumulation de visions confuses et de sensations indéfinies, véritable polyphonie provenant évidemment d’un grand maître de l’art. »

Peut-être notre propre appréciation se fût-elle montrée plus timide.

Pendant ce temps des vulgarisateurs pesants et bouffis comme M. Max Nordau assimilaient notre pseudo-décadence à « dégénérescence » et à « impuissance » avec des confusions, des bévues inconcevables.

Mais notre effort pour que la langue rende à fond, alliée aux véritables rythmes émotionnels, tout le synthétisme physiologique de l’émoi poétique contribua moins que notre préoccupation du mystère à estampiller les symbolistes de l’épithète « décadents ». Et au nom de quoi ?au nom de la science ! alors que les problèmes psychiques sont de ceux que la science