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tous, des habitudes livresques, ou des routines de métier. M. Sully-Prudhomme est notre Saint-Saëns.

Récemment, il fut amené à fléchir dans ses affirmations ; et ceux-mêmes qui provoquèrent son Testament, comme M. Adolphe Boschot, et un codicille comme M. Léon Vannoz, n’acceptèrent pas sa poétique.

De fait, la tyrannie du vers classique est définitivement vaincue par ce qu’on appelle le vers libéré dont M. Adolphe Retté, dernièrement {Mercure de France, nov. 1905), résumait en ces termes les conquêtes :

i° L’alternance perpétuelle des rimes féminines et masculines n’est pas obligatoire ;

20 Le singulier peut rimer avec le pluriel ;

30 Pour un effet à produire, l’assonance peut quelquefois remplacer la rime ;

40 L’hiatus est permis, pourvu qu’il ne soit point cacophonique ;

50 Toute latitude est laissée au poète pour mobiliser la césure ;

6° On peut faire entrer dans une strophe des vers de mesures diverses, pourvu que la cadence générale de la strophe n’en souffre pas.

Voilà qui est parfait. Eh bien, cela n’est rien du tout, — en étant excellent… (Je ne discute pas les timidités irraisonnées de plusieurs paragraphes). C’est excellent, parce que maintenant la route est grande ouverte à la véritable composition du vers libre que certains vers libérés feront d’ici peu mieux comprendre ; cela n’est rien, parce que cela ne présente que tes facilités, et que nos libéristes les pratiquent bien comme telles. Lorsque Gœthe disait à Eckermann en 1831 : « Si j’étais assez jeune et assez osé, je violerais à dessein toutes les lois de fantaisie ;