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5° L’assonance ni la rime ne sont continuement nécessaires à la détermination des rythmes.

Ainsi peuvent se transcrire les principes généraux qui unissent tous les vers-libristes conscients et qui ressortent de leurs notes théoriques comme de leurs œuvres. On voit qu’ils reprennent les « lois intérieures traditionnelles » au point où les anciens poètes, loin de les développer tout en s’efforçant de les faire vivre, les laissaient prisonnières du vieux moule mécanique.

Le vers libre n’écoute que la parole naturelle pour les tirer de captivité.

Cliché VIII. — Deux objections graves nous semblent ruiner votre loi fondamentale du mouvement : « Les coupes logiques du sens selon ses accents passionnels sont les génératrices du rythme et du mètre ». La première est de principe : toute versification n’a-t-elle pas pour but, en effet, d’asservir l’ordre syntaxique à un ordre musical indépendant, et de tirer même de leurs conflits des beautés particulières ? Non seulement votre loi supprime ces beautés qui sont constantes, mais elle est en désaccord avec le principe rationnel de toute versification, et qui la distingue vraiment de la prose. M. Remy de Gourmont, que vous ne récuserez point, a écrit avec exactitude : « Le rythme du vers est indépendant de la phrase grammaticale ; il place ses temps forts sur des sons et non sur des sens. Le rythme de la prose est dépendant de la phrase grammaticale ; il place ses temps forts sur des sens et non sur des sons. » (Le IIe Livre des Masques, p. 24).

Réponse. — M. Remy de Gourmont a été certainement distrait le jour où il a établi cette distinction avec tant de rigoureuse symétrie. Elle pourrait convenir — et encore ! — aux