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Réponse. — Le vers libre ne brise rien. Hugo se contente encore le plus souvent des apparences graphiques et syllabiques. Le vers libre n’entend user que d’éléments vrais. Il est plus traditionnel que le vers de Hugo pris sous certains aspects rompus ; notamment, il met d’accord la phrase et le rythme (sauf toujours les exceptions légitimes) et, d’autre part, il développe seul les conséquences logiques des rénovations du poète lorsqu’elles existent réellement. Car Hugo ne prétendait pas à autre chose qu’au vers brisé, comme il l’écrivait à Wilhem Tennint (1843) > ses nouveautés sont presque toujours moins d’homogènes figures nouvelles que des rejets sur l’hémistiche ; surtout, surtout les concordances sont rares ou fortuites entre les coupes d’un vers et les suivantes : la symétrie machinale extérieure reste maîtresse. Au contraire, le vers libre tient liée chaque onde du mouvement. Les vers-libristes fécondent la tradition ; M. Sully-Pru

1 dhomme la stérilise.

Cliché y.—Le vers-libriste ne peut être différent des autres artistes qui doivent plier leur volonté particulière à des règles impersonnelles que dictent les conditions physiques de nos sens et l’expérience générale. Cependant chaque vers-libriste a sa règle propre qui, faute d’un guide impersonnel, n’a point de direction évidente pour tous. Il s’ensuit qu’il retombe dans les virtualités de la prose.

Réponse. — Quelle est « la direction évidente pour tous » dans les moyens employés par la musique, la peinture, la sculpture ? pourquoi la poésie, seule de tous les arts et contrairement à sa liberté originelle, souffrirait-elle la pauvreté de moyens qui, comme la versification, imposent* iavance des rapports égaux et constants ? et les « règles impersonnelles