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trouve de 17. Et ils existent bien dans leur longueur sans qu’on puisse les croire une réunion de deux petits vers.

y Enfin rien n’est plus légitime, étant donné déjà l’ancien vers libre, que d’ajouter à ses entrecroisements, avec toutes les coupes renouvelées des impairs, un jeu d’accents, tel que peut l’appeler une oreille moderne suivant le tact et le doigté du poète. — Nos strophes n’auront jamais la hardiesse de celle d’une chanson du moyen âge transcrite par M. Jeanroy qui, composée de six vers, fait suivre deux 7 syllabes de deux 11 coupés en 7 + 4 pour se terminer par deux 10 syllabes coupés en 5 + 5.

Ainsi, loin de négliger l’ombre d’une racine, le vers libre les ramifie toutes et revivifie celles qu’avait desséchées la Renaissance. Car notre poétique ne date pas plus de la Renaissance que le métier de notre musique, de notre architecture, de notre sculpture ou de notre peinture. La Renaissance eut le tort, notamment, de ne nous transmettre que les formules des vers épiques sans savoir que ces mêmes vers employés lyriquement comportaient, suivant le premier instinct populaire, une liberté qu’avait déjà détruite au xve siècle, et bien avant, la chinoiserie des poèmes à formes fixes, la législation pédante des jeux floraux, des puys et des palinods. La Renaissance refondit artificiellement notre lyrique, en retombant dans les mêmes erreurs de la formule fixe par sa classification poétique des genres à la mode de l’antiquité comme par sa préoccupation étrangère du mètre ; le vers libre, qui dégage des genres le poème, renoue la tradition française du rythme.

Cliché II. — Si l’alexandrin, même sous sa seule forme