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les plus vivantes, au sens foncier du mot, non par des gestes extérieurs, mais par leur force de vie lyrique indépendante et fraîche.

Cette influence au dedans et au dehors fut mal comprise et très imparfaitement remarquée, de ce qu’elle ne suivit pas la marche voyante du romantisme. Les romantiques étaient toujours sur des tréteaux ; c’est par le théâtre d’ailleurs qu’ils imposèrent leur lyrisme. Nous n’étions pas enclins comme eux aux gestes personnels, contraires suivant nous à l’atmosphère de l’œuvre d’art, et nos manifestes nefurent jamais que les actions en retour d’attaques injurieuses.

Surtout, nous ne pouvions disposer de leurs moyens publics. Le romantisme profita d’abord, sous la Restauration, de ses opinions gouvernementales, puis juste à point, pour la Révolution de 1830, de ses principes de « liberté proclamés à grand fracas, deux ans avant, dans la préface de Cromwell et rapprochés des principes politiques de cette manière : « Après tant de grandes choses que nos pères ont faites et que nous avons vues, nous voilà sortis de la vieille forme sociale ; comment ne sortirions-nous pas de la vieille forme poétique ? A peuple nouveau, art nouveau. » (Préface d’Hernani). Toutes les portes officielles s’ouvrirent, malgré l’Académie et les goûts classiques de la majorité bourgeoise. De là, Hernani à la Comédie-Française ! Voyez-vous aujourd’hui la Comédie-Française risquant pareille bataille ?et maintenant sur la scène une pièce à scandale. Car Hernani, malgré les amputations les plus conciliantes, ne fut pas autre chose : un beau tapage, — transformé, déformé’par les intéressés en une victoire dont la date, illusion de notre recul, se répartit sur les années de trois générations.