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dehors de toute forme sensible, elle superpose une image tirée du monde extérieur ; elle n’est guère qu’une comparaison qui se prolonge. Le symbole est tout autre chose. Le symbole a pour caractère essentiel d’éclore spontanément, sans réflexion, sans analyse, dans une âme simple qui ne distingue même pas entre les apparences matérielles et leur signification idéale. A vrai dire, les poètes n’ont guère plus, de nos jours, cette simplicité d’âme. Mais ils s’efforcent de revenir à la candeur primitive. Ils réagissent par là contre la poésie critique et analytique des Parnassiens, contre leur philosophie, plus ou moins consciente, qui est le positivisme. Enfin le symbole, beaucoup moins précis que l’allégorie, est aussi beaucoup plus complexe ; les similitudes qu’il exprime, étant peu rigoureuses, peuvent s’étendre à plus d’objets unis ensemble et fondre plus de significations diverses. (VEvolution de la poésie dans ce dernier quart de siècle. — Revue des Revues, 15 mars 1901).

Ce que, répondant à cette question : « Quels sont les principes de l’impressionnisme et du symbolisme dans la littérature et les autres arts ? » M. André Beaunier résuma en ces quatre petits paragraphes dont la concision pleine conviendrait très bien à quelque « Manuel Roret » de l’art contemporain :

i° Le symbolisme est une manière artistique qui consiste à suggérer, non à décrire.

20 La description pure et simple s’accorde avec une philosophie positiviste. Le symbolisme, au contraire, convient à une doctrine qui fait sa part à l’ « inconnaissable ».

30 Le symbolisme, l’impressionnisme ont encore eu cette raison d’être de réagir contre des poncifs. Ces nouvelles écoles ont fait, en art, un grand effort de sincérité.

4° Le symbolisme et l’impressionnisme semblent, d’abord, être des