Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/28

Cette page n’a pas encore été corrigée


« Pour Mlle Kikio Mussayoshi.

« Vous me demandez, mademoiselle, par qui fut inventé, en France, le « vers libre », dont on parle encore, quelquefois, un peu, au Japon ? « Inventé » c’est beaucoup dire. « Importé » serait plus exact ; et nous le devons surtout à l’Allemagne. »

(Le Figaro, 13 juillet 1902).

« La « mode », il y a trois lustres nouvelle, rencontra la plus grande faveur cheç les lettrés des pays étrangers, qui ne pouvaient point ne pas être flattés de voir appliquer à la poésie française la technique même de leur poésie nationale (?)— je veux dire que le rythme non parlenombre compté des syllabes mais par leur accentuation (si peu sensible en français !), la suppression de la rime, ou son amoindrissement en assonance, et le prolongement non réglé, non borné, du vers, ce fut pour les prosodies allemande et anglaise — allemande notamment — comme une conquête, comme un asservissement de la prosodie française. En même temps, le vers-librisme était ardemment, et naturellement, approuvé, recommandé par un assez grand nombre de nos poètes qui, quoique écrivant en français, étaient étrangers à notre pays parla naissance ou V origine. Sans doute, il fut adopté aussi par des poètes entièrement français, soucieux de singularité extérieure, à défaut peut-être d’originalité intime ; et il amusait de subtiles élites éprises du nouveau à tout prix, du bizarre même absurde. »

(Le Figaro, 26 avril 1903, et Rapport, page 191).

Et voilà ce qu’un universitaire respectable, M. Gustave Lanson, appelait « un effort fait avec un double souci de sincérité et d’impartialité » !…

Quelle détente de prendre le rapport de Théophile Gautier sur les Progrès de la Poésie française depuis 1830 jusqu’en i86y ! On est comme dulcifié par une bonhomie bienfaisante,