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Le Rapport De M. Mendès. — Je ne suis pas encore revenu de la stupéfaction où vient de me plonger la lecture de ce rapport imprimé aux frais de l’Etat et intitulé : Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. Ah ! c’était bien la peine de se moquer des critiques et des normaliens pour en arriver à un produit aussi vide ou aussi poncif quand il n’est pas vénéneux ! Que de lourdes véhémences et d’enthousiasmes gonflés ! Quelle pauvreté d’érudition quand le rapporteur traite des origines qu’on ne lui demandait pas ! et quel luxe de parenthèses hypocrites et de concetti cruels quand il en vient à l’époque contemporaine qu’on lui réclame ! Que d’efforts pour ne pas comprendre ! et quand il feint d’avoir compris que de pirouettes pour ridiculiser ses révérences ! Explique-t-il congrûment — croit-il — le symbolisme ?il termine par ces mots :

« Eh bien, je ne verrais à ce système aucun inconvénient ; je trouverais même admirable, jusqu’à un certain point, que les mots ne signifiant plus ce qu’ils signifient ou ne le signifiant qu’à peine, éveillassent non par le sens, mais par le son des syllabes, ou par la couleur des lettres, — il y a là-dessus, vous le savez, un sonnet d’Arthur Rimbaud — etc. »

Aborde-t-il la technique ? Il a soin d’insinuer — oh ! en disant que c’est pour rire mais que pourtant… — que ses nouveautés proviendraient bien peut-être des imaginations péruviennes d’un M. Delia Rocca de Vergalo, un lieutenant d’artillerie, inventeur des« VersNicarins »… Quand, pendant deux ans, au rez-de-chaussée du Figaro, M. Catulle Mendès découpe d’avance son rapport, suivez un peu la suite de non-sens perfides qui composent ses citations préférées :