Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée

à son art que sa tâche d’homme et de citoyen accomplie. Nous pensons bien au contraire que son premier devoir de citoyen et d’homme est de s’affranchir de tout ce qui peut mettre obstacle à l’accomplissement de l’œuvre. Nous voulons dire que son élan doit être assez fort pour qu’il ne se dérobe pas, en révolte romantique, devant l’obstacle ; qu’il le vainque en le franchissant, s’il y a lieu, et que c’est ce que la plupart des symbolistes ont fait, soumis à leurs existences diverses en tenant leur art très haut à travers tout. De ce qu’ils ont su pratiquer la pensée du poète :

Ami, cache ta vie et répands ton esprit

de ce qu’ils ont su pénétrer la poésie dans son essence, connu tous les sophismes qui la troublent, pour la garder pure au-dessus de soi, on incrimine leur renaissance jusqu’à dire avec l’ineffable M. Maurice Leblond :

« La vérité, c’est que le symbolisme fut une période réactionnaire, et M. Brunetière pouvait justement écrire : « Nous aimons le symbolisme contemporain pour ce qu’il est une utile réaction contre le naturalisme et M. Zola. » On ne saurait mieux dire. Le symbolisme fut une réaction, non seulement contre le naturalisme, mais contre la philosophie moderne tout entière, contre le progrès humain, contre la vie, contre la science. » (La Revue, 15 janvier 1905).

Cependant nous avons suffisamment démontré qu’en réagissant — avec quelle utilité pour tous les arts ! — contre le naturalisme, les symbolistes ne réagirent pas contre la vie, mais simplement contre l’absence de poésie.

7° Quant à ce mépris de la science et des questions sociales dont M. Mauclair nous accable, la plaisanterie est par trop