Page:Souza - Où nous en sommes, 1906.djvu/107

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’heureuse fortune de s’appeler Waddington pour représenter la France en Angleterre. Mais il s’est fait que le hasard a gratifié le nom de plusieurs d’entre eux de consonnances plus ou moins exotiques, bien qu’ils fussent ou de pure famille française ou de mère française et tous d’éducation entièrement, profondément française. II faut ajouter que le symbolisme étant, par certains côtés, un réveil de la vraie littérature française des provinces du Nord contre la déplorable mainmise méridionale, il a eu une grande influence sur tous les pays nordistes de langue française ou autres, d’où un certain nombre de noms flamands, et parmi les plus glorieux.

L’extraordinaire dans l’abaissement est que les parnassiens n’abandonnèrent pas aux universitaires des arguments contre nous aussi misérables. Jamais groupement ne présenta en effet plus d’exotiques, et il va sans dire que c’est M. Catulle Mendès, Bordelais d’origine juive portugaise, qui saisit tous les prétextes pour marquer du caractère étranger — l’on a vu avec quelle absurdité, quelle fausseté et quelle perfidie ! — nos réformes les plus légitimes.

Qui de nous aurait jamais songé à s’armer contre Leconte de Lisle ou contre Léon Dierx de leur naissance et de leur éducation aux tropiques ? à se demander s’ils n’étaient pas moins Français que le soi-disant Américain Stuart Merrill, d’éducation sûrement parisienne ? La vieille souche lyonnaise de Louis Vielé qui répond au nom poétique de Francis Vielé-Griffin ne dépasse-t-elle pas nationalement l’origine de M. de Hérédia qui était un Espagnol colonial ? Et auraient-ils été tous deux Américains depuis la conquête de Cuba ? Les Coppée qui pullulent à Mons ne revendiqueraient-ils point pour la Belgique notre poète « François » ?