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que s’ils avaient cherché, comme le fit encore Verlaine, la mesure syllabique, leur inspiration eût été vite fanée par cette contrainte. Mais, s’efforçant moins de commander aux rythmes que de subir l’instinctif mouvement de la parole émue, ils s’aperçurent que la figure scriptive des syllabes était loin de transcrire toujours avec exactitude leur valeur orale, que les mots formaient bien une matière malléable, presque fluide. Dès lors ils n’écoutèrent que leur oreille se fiant à elle, comme les inspirés des premiers âges, du jeu secret des rythmes et des harmonies (i).

Chacun ainsi, s’inspirant du sentiment populaire pour l’élargir selon un lyrisme particulier, se saisit des motifs où pouvait le mieux trans

(i) « On parle en ce moment d’une collection de chants na. tionaux recueillis et publiés à grands frais. Là sans doute nous pourrons étudier les rythmes anciens conformes au génie primitif de la langue, et peut-être en sortira-t-il quelque moyen d’assouplir et de varier ces coupes belles, mais monotones, que nous devons à la réforme classique. » Gérard deNerval, Œuvres complètes, t. V, p. 3ia.