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fort de l’intimité sincère (i) qui développe le sentiment. Si les parcs imitaient la liberté de la nature, les champs restaient mythologiques ; on n’aurait pas osé y cueillir d’autres fleurs que celles des jardins, et l’on y menait paître des bêtes enrubannées. On ne savait pas nommer les choses ; on pomponnait son goût rustique. C’est que le sentiment sut rarement, sans abaisser la poésie, s’unir chez nous à l’intimité qui, seule, lui conserve toute sa valeur pénétrante. L’intimité le ravalait au prosaïsme ou au comique. Le sens poétique de l’intimité manquant, le sentiment disparut entre les «pointes » et l’ « éloquence », entre cette sorte de légèreté qui portait à l’ « esprit » et cette enflure, au xvii", au xvin0 siècle, raisonneuse, de notre temps encore démonstrative, mais abondamment imagée.

(i) Dans sa belle étude sur VElégie en France avant le romantisme, qui découvre lant de tlliations ignorées, M. Henri Potez écrit : « L’homme du xvin6 siècle ne vit point dans sa propre intimité, ce qui est la condition de la poésie personnelle pour ne point dire de la poésie » (p. i0).