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achevant un petit chef-d’œuvre de poésie bourgeoise, au relief adouci de tout heurt passionné. Et cette poésie peut être sincère, émue, imprégnée de fraîche sensualité et de grâce intime, sans rien garder de l’accent populaire qu’un vague ton concentré, familier, simple.

M. Jean Richepin, peut-être, sut, en se servant des éléments traditionnels, donner à certaines de ses poésies la verdeur et le mouvement qui conviennent. C’est par ce côté-là surtout qu’il marquera comme poète original. 11 nous le découvre moins dans sa Chanson des gueux, si heureusement renouvelée ces temps-ci par les Soliloques du pauvre de M. Jehan Rictus, que dans certaines pages des Blasphèmes et de la Mer. Mais il ne rend que le mouvement extérieur, avec des développements trop suivis et trop longs, des strophes tout en gestes, pour ainsi dire, où sont loin de paraître les jolies sentimentalités et les traits mystérieux du lyrisme rustique. Ni la Chanson des gueux du