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il fait revivre d’un dessin précis le bûcheron, le charbonnier, le tisseran, la brodeuse, en l’exact décor de leur vie. Mais ce sont des paysages et des tableaux de genre. Cela est plus peint que chanté, — et trop achevé dans le souci du détail réel.

Le tour de la poésie populaire comporte d’autres traits que la concision, la simplicité, la naïveté sur lesquelles on insiste trop exclusivement. Il frappe d’abord par une brusquerie d’attaque saisissante. Les sensations fortes vous prennent à la gorge ; et le poète populaire chante comme on pousse un cri en se dégageant d’une étreinte. Joie ou douleur, misère ou fêtes, états intermédiaires même de mélancolie ou de tendresse, il n’éprouve et ne rend rien par gradation : tout éclate ! Au courant de la poésie, les divers sentiments, les images et motifs extérieurs qui les caractérisent se succèdent par à-coups, par sauts, sans explications, sans transitions. Et la passion vive mange les mots, supprime les pronoms, les