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si abondante, entre tant de richesse et le public, une aridité peu franchissable s’étendit : la critique négative. Devant ce désert les gens clament : « Quand apparaîtra donc LE poète ? Où est donc LE chef-d’œuvre ? » car cette sécheresse de la critique leur permet à peine de voir au loin comme un mirage la force et l’étendue de la végétation nouvelle.

Puis, avouons-le, nous ne connaissons pas Le poète. Aucun temps ne l’a connu. Jamais un poète n’a pu, seul, remplir jusqu’au bord la petite âme la plus humble. Jamais la poésie, et nous l’entendons bien dans son expression d’art, n’a dépendu du surgissement D’un poète. Elle naît de l’union de toute une classe d’esprits ou meurt de leur éloignement, dédaignée d’un âge ou sa reine, malade ou renaissante. Et ceux qui toujours attendent Le Poète sont ceux qui ne voient jamais La Poésie. Mais nous connaissons