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et de cœur bon, mais aveugle, brouillé avec la psychologie ou qui veut l’être, pour avoir la paix. C’est le garçon égoïste et mou dont l’inertie s’arrange et profite à merveille des injustices dont on gratifie le cadet. C’est la fillette douce et insignifiante, rapporteuse. Enfin, c’est la mère qui mène tout, hargneuse et mauvaise. Sa maternité partiale a la honte du dernier né agressive. Sous prétexte de corriger, elle persécute, et en dessous, avec une hypocrisie raffinée.

Poil-de-Carotte subit. 11 est seul au milieu de tous et il en prend son parti. Il se sait laid ; les mauvais traitements ou la fausse commisération le lui font assez sentir. Et, entre deux corvées, il rêve, il meuble d’une façon à lui sa solitude. Toujourspris entre l’arbre etl’écorce, il finit par garder un air absent et stupide ; il s’en revêt comme d’un uniforme dans l’espérance qu’il sera classé une fois pour toutes. Mais sa bonne mère le déclasse tout letemps. C’est toujours différent et toujours pareil. Qu’il soleille ou qu’il vente,