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bourgeois, sur ceux qui participent des uns et des autres.

C’est que, les uns et les autres gardent des ridicules pittoresques à travers des souffrances d’autant plus navrantes qu’elles peuvent s’exaspérer sans jamais s’exalter. L’être humain qui, dans la lutte pour les sous, exclusive, n’est plus qu’un journalier de l’existence voit la platitude — notre ennemie la plus implacable — flétrir toutes espérances, une à une. Il n’a pas de quoi nourrir son imagination, et, lorsqu’il a de quoi, c’est pire. Renard a dit toute sa destinée en l’une des pensées de ses Noisettes creuses : « J’essaie de fuir la vie et ses tracas, de me réfugier, comme on dit, dans le rêve, et j’ai rêvé toute la nuit que je n’étais pas fichu de trouver mon chapeau. » Or presque tous les hommes en sont là. La vie, loin de les délivrer, les emmure. A mesure qu’ils grandissent, les murs de la prison s’élèvent avec eux. « Une fois grands, nous serons libres », disent-ils. Les voilà grands,