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Cela donne une suite de placages, fort intéressants parfois ; mais l’on n’a que l’illusion de la vie.

Jules Renard eut le sentiment très vif que nos moralistes, en fixant l’homme d’un trait de lumière, avaient souvent déjoué la superfluité d’observation de nos romanciers. Leurs maximes, toutefois, leurs portraits mêmes, qui accumulaient sur une seule tête tous les signes humains, témoignaient de la vie sans la peindre. Il s’agit pour le romancier de transposer en lignes et couleurs la perspicacité du moraliste et, à son tour, d’en rendre l’œuvre vaine, car tout geste humain, inconsciemment, transcrit de lui-même la maxime qui l’eût signifié.

Jules Renard trouva le geste-maxime, le geste définitif, l’unique qui marque le penchant secret ou le caractère.

Ce geste-là colore autour de soi les choses et les fait siennes. Il établit aussitôt la relation psychique qui nous unit au décor dans un éclair.