Page:Souza - La Poésie populaire et le Lyrisme sentimental, 1899.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

mots expirés qui ne sont presque plus des paroles.

Et ces phrases mêmes ne sont point sèches ni saccadées, parce qu’elles vont d’un inégal mouvement très doux, parfois même un peu trop symétrique, en un rythme de berceuses, rythme, il est vrai, conforme aux gestes de petites âmes passives, qui sentent qu’il n’y a rien à faire, et qu’il faudra toujours, et malgré tout, dormir. Aussi est-ce à peine de la prose. Les rythmes s’adaptent à chaque instant à la mesure de l’octosyllabe et de l’alexandrin classique, ou plutôt des douze temps et des divisions en six, quatre et trois temps que ces vers étaient sensés grouper et redoubler. La seule différence qui sépare cette prose du « vers libre » est dans le manque à’intention. Il n’y a pas constante égalité de valeur entre la langue rythmique et la langue syntaxique. Mais les pages entièrement rythmées sont nombreuses, en dehors même des scènes particulières et culminantes