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des marches de rythmes en sabots qui claquent le sol et le bourrent d’une rage pesante. Les pieds restés lourds de la terre grasse des champs maculent le blanc ruban des routes. Des tressauts brusques de douleur les arrêtent soudain, ou de larges envolées de gestes ivres. Ce sont des marches forcées et forcenées de chemineaux qui soufflent d’ahan et dont les pas cahoteux traînent la furie des interminables misères.

Ces misères, M.Emile Verhaerenne les chante pas en artiste épris des pourritures (son lyrisme les domine et les surélève toujours), mais en prophète. C’est l’homme de la solitude dont au sortir des bois sauvages l’œil visionnaire grandit ce que nous ne voyons même pas. Le cœur large et simple, d’imagination débordée, tout l’être exalté des profondeurs de la saine nature primitive, il clame les maux du siècle à travers l’éternité des temps et de l’espace. Ne lui demandez point des polissages et des ratiocinations d’art II est ! le prophète : celui qui n’attend