Je sentais cette vie en moi
Et que je créais tout cela
— La ville, le lac, les faîtes blancs
Du grand regard de mes vingt ans.
Celui qui vint, par le sentier
Etait un vieillard haut et droit ;
Et quand il surgit près de moi,
11 semblait apparu sans bruit ;
Il semblait là dès ma venue ;
Debout sous le soleil joyeux
En neige d’argent sur sa tête nue ;
Il semblait l’un qu’on a connu
Dans un sourire forcé d’adieu,
Revu dans un sourire d’accueil ;
Comme ma vieillesse advenue *
Paisible et sans grands mots de deuil,
Souriante srave à mes vingt ans
Debout contre le vieux mur blanc (i).
De tous les nouveaux poètes, c’est en M. Fran-. cis Vielé-Griffin que la renaissance du lyrisme populaire aboutit avec le plus de grâce et de, jeunesse. Cueille d’avril était intitulé son premier cahier de vers ; et ses poèmes sont bien restés une fraîche « cueille d’avril » fleurant
(i) La Chevauchée d’Yeldis, le Fossoyeur.