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ces refrains de pastourelles aux apparences obscures où les choses des champs naïves disent les paroles les plus complexes de l’âme.

Il y fut aidé par des qualités verbales d’ingénuité, de grâce primesautière, toutes particulières et rares à notre époque. Si, gâté par la plastique qu’on a aujourd’hui le tort de ne plus séparer du lyrisme, on lit une de ses pages d’un regard tant soit peu distrait (comme souvent il arrive dans ces moments de paresse où l’on attend que les choses vous réveillent), il semble que rien ne ressort et qu’on glisse au fil d’une eau pâle entre deux rives unies. C’est qu’en effet la langue, les images et les rythmes ne nous soulèvent pas d’une vague violente ; mais ils nous portent, nous bercent délicatement comme dans une brume de lumière ; peu à peu l’on jouit de nuances aux fines mobilités, et l’eau transparente est profonde. L’on s’aperçoit alors que cette page sublimise les vertus premières de la langue d’oïl, toutes de fraîcheur et de jeunesse