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ses sourds gémissements, ses froissements et ses ruines !

Le calme de cette première heure me rappelle celui des premières années. Alors aussi le soleil brille gaiement, la brise parfume, toutes les illusions, ces oiseaux du matin de la vie, gazouillent autour de nous ! Pourquoi s’envolent-elles plus tard ? D’où vient cette tristesse et cette solitude qui nous envahissent insensiblement ? La marche semble la même pour l’individu et pour les sociétés : on part d’un bonheur facile, d’enchantements naïfs, pour arriver aux désillusions et aux amertumes ! La route commencée parmi les aubépines et les primevères aboutit rapidement aux déserts ou aux précipices ! Pourquoi tant de confiance d’abord, puis tant de doute ? La science de la vie n’est-elle donc destinée qu’à rendre impropre au bonheur ? Faut-il se condamner à l’ignorance pour conserver l’espoir ? Le monde et l’individu ne doivent-ils enfin trouver de repos que dans une éternelle enfance ?

Combien de fois déjà je me suis adressé ces questions ! La solitude a cet avantage, ou ce danger,