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chaque œuvre, et sa sœur répond par une exclamation de surprise.

Nous arrivons ainsi à une petite cour où l’on a jeté les fragments de quelques tasses brisées. Françoise aperçoit une soucoupe presque entière et à ornements coloriés dont elle s’empare ; ce sera pour elle un souvenir de la visite qu’elle vient de faire ; elle aura désormais, dans son ménage, un échantillon de cette porcelaine de Sèvres, qui ne se fabrique que pour les rois ! Je ne veux pas la détromper en lui disant que les produits de la manufacture se vendent à tout le monde, que sa soucoupe avant d’être écornée, ressemblait à celles des boutiques à douze sous ! Pourquoi détruire les illusions de cette humble existence ? Faut-il donc briser sur la haie toutes les fleurs qui embaument nos chemins ? Le plus souvent les choses ne sont rien en elles-mêmes ; l’idée que nous y attachons leur donne seule du prix. Rectifier les innocentes erreurs pour ramener à une réalité inutile, c’est imiter le savant qui ne veut voir dans une plante que les éléments chimiques dont elle se compose.