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qu’il n’a pu employer, et la vieille fille s’en va ravie, recommençant, à propos de ces fleurs en espérance, le rêve de Perrette à propos du pot au lait.

Arrivé au quinconce d’acacias où se célèbre la fête, je perds de vue les deux sœurs. Je parcours seul cette exhibition de loteries en plein vent, de parades de saltimbanques, de carrousels et de tirs à l’arbalète. J’ai toujours été frappé de l’entrain des fêtes champêtres. Dans les salons, on est froid, sérieux, souvent ennuyé: la plupart de ceux qui viennent là sont amenés par l’habitude ou par des obligations de société; dans les réunions villageoises, au contraire, vous ne trouvez que des assistants qu’attire l’espoir du plaisir. Là-bas, c’est une conscription forcée ; ici ce sont les volontaires de la gaieté! Puis, quelle facilité à la joie ! Comme cette foule est encore loin de savoir que ne se plaire à rien et railler tout est le suprême bon ton ! Sans doute ces amusements sont souvent grossiers ; la délicatesse et l’idéalité leur manquent ; mais ils ont du moins la sincérité. Ah ! si l’on pouvait garder à ces fêtes leur vivacité joyeuse en y mêlant