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flottante venue de partout, pour qui notre Babylone française n’est que le caravansérail de l’Europe ; phalange de penseurs, d’artistes, d’industriels, de voyageurs qui, comme le héros d’Homère, ont abordé leur patrie intellectuelle après avoir vu « beaucoup de peuples et de cités ; » mais du Parisien sédentaire, rangé, vivant à son étage comme le mollusque sur son rocher, curieux vestige de la crédulité, de la lenteur et de la bonhomie des siècles passés.

Car une des singularités de Paris est de réunir vingt populations complétement différentes de mœurs et de caractère. À côté des bohémiens du commerce et de l’art, qui traversent successivement tous les degrés de la fortune ou du caprice, vit une paisible tribu de rentiers et de travailleurs établis, dont l’existence ressemble au cadran d’une horloge sur laquelle la même aiguille ramène successivement les mêmes heures. Si aucune autre ville n’offre des vies plus éclatantes, plus agitées, aucune autre ne peut en offrir de plus obscures et de plus calmes. Il en est des grandes cités comme de la mer ; l’orage ne trouble que la surface ; en descendant jusqu’au