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retrouvés, et l’heureux hasard de leur rencontre avait-il abaissé devant eux cette barrière qui peut distinguer les classes, mais qui ne devrait point les diviser ?

Je m’adressais ces questions en ralentissant le pas, et les yeux fixés sur la grande grille que je venais d’apercevoir. Tout à coup je la vis s’ouvrir, et deux enfants parurent sur le seuil. Bien que grandis, je les reconnus au premier coup d’œil : c’étaient l’enfant trouvé près du parapet du Louvre et son jeune conducteur. Le costume de ce dernier avait seulement subi d’importantes modifications : sa blouse de toile grise, dont la propreté touchait presque à l’élégance, était serrée à la taille par une ceinture de cuir verni ; il était chaussé de forts souliers, mais faits à son pied, et coiffé d’une casquette de coutil toute neuve.

Au moment où je l’aperçus il tenait des deux mains un énorme bouquet de lilas auquel son compagnon s’efforçait d’ajouter des narcisses et des primevères ; les deux enfants riaient et se dirent amicalement adieu. Le fils de M. Duval ne rentra qu’après avoir vu son compagnon tourner le coin de la rue.