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un instant voulu te fuir comme on eût fui l’indigence ; établis-toi ici à jamais avec tes charmantes sœurs la Pitié, la Patience, la Sobriété et la Solitude ; soyez mes reines et mes institutrices ; apprenez-moi les austères devoirs de la vie ; éloignez de ma demeure les infirmités de cœur et les vertiges qui suivent la prospérité. Pauvreté sainte ! apprends-moi à supporter sans me plaindre, à partager sans hésitation, à chercher le but de l’existence plus haut que les plaisirs, plus loin que la puissance. Tu fortifies le corps, tu raffermis l’âme, et, grâce à toi, cette vie à laquelle l’opulent s’attache comme à un rocher, devient un esquif dont la mort peut dénouer le câble sans éveiller notre désespoir. Continue à me soutenir, ô toi que la Christ a surnommée la Bienheureuse.