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Le voilà qui redouble ! Les plus impassibles sont forcés de chercher un abri. Je vois tout le monde se précipiter vers la boutique placée en face de ma fenêtre, et qu’un écriteau annonce à louer. C’est la quatrième fois depuis quelques mois. Il y a un an que toute l’adresse du menuisier et toutes les coquetteries du peintre avaient été employées à l’embellir ; mais l’abandon des locataires successifs a déjà effacé leur travail ; la boue déshonore les moulures de sa façade ; des affiches de ventes au rabais salissent les arabesques de sa devanture. À chaque nouveau locataire, l’élégant magasin a perdu quelque chose de son luxe. Le voilà vide et livré aux passants ! Que de destinées qui lui ressemblent, et ne changent de maître, comme lui, que pour courir plus vite à la ruine ! »

Cette dernière réflexion m’a frappé: depuis ce matin, tout semble prendre une voix pour me donner le même avertissement. Tout me crie : — Prends garde ! contente-toi de ton heureuse pauvreté; les joies demandent à être cultivées avec suite ; n’abandonne pas tes anciens patrons pour te donner à des inconnus !