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Mes craintes augmentent ; l’incertitude me devient à chaque instant plus douloureuse ! il faut que je me décide aujourd’hui, avant ce soir ! j’ai dans ma main les dés de mon avenir et je tremble de les interroger.

Trois heures. Le ciel s’est assombri, un vent froid commence à venir du couchant ; toutes les fenêtres qui s’étaient ouvertes aux rayons d’un beau jour, ont été refermées. De l’autre côté de la rue seulement, le locataire du dernier étage n’a point encore quitté son balcon.

On reconnaît le militaire à sa démarche cadencée, à sa moustache grise et au ruban qui orne sa boutonnière ; on le devinerait à ses soins attentifs pour le petit jardin qui décore sa galerie aérienne ; car il y a deux choses particulièrement aimées de tous les vieux soldats, les fleurs et les enfants ! Longtemps obligés de regarder la terre comme un champ de bataille, et sevrés des paisibles plaisirs d’un sort abrité, ils semblent commencer la vie à l’âge où les autres la finissent. Les goûts des premières années, arrêtés chez eux par les rudes devoirs de la guerre refleurissent, tout à coup, sous